Sud-Kivu : l’exploitation à outrance de braises, une menace redoutable sur les forêts

de cargaisons des braises en provenance de kalehe vers la ville de Bukavu/ Photo Mkulima
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Il s’observe depuis plusieurs années, une entrée massive non contrôlée des braises dans les villes de Bukavu. L’utilisation des braises pour usage culinaire prend de plus en plus une ampleur inquiétante et rend la vie compliquée aux gestionnaires de forêts à l’Est de la RDC. Plus d’un hectare d’arbres est dévasté par semaine soit 800 000 sacs des braises évalués à 28 tonnes par les environnementalistes au Sud-Kivu. L’abattage des arbres dans la zone Est de la RDC expose la zone à la déforestation. La surexploitation de ces espèces indigènes crée une perte totale de la biodiversité.

Les villes de Bukavu et Goma enregistrent une entrée de plusieurs tonnes de braises incontrôlées par voies lacustre et routière. Plusieurs camions, des bateaux et pirogues motorisés sont chargés des sacs de braises chaque jour par semaine.

Cet abattage massif des arbres et usage des bois de chauffe ne reste sans conséquence sur l’environnement et le réchauffement climatique dans l’Est de la RD Congo. L’exploitation massive des braises au Sud-Kivu, influe négativement sur l’environnement. Les forêts et leurs biodiversités, des airs protégés sont dévastés par les exploitants de braises.

L’association des vendeurs et exploitants des ressources forestières et Agropastorales AVERFA/ Asbl qui est une association regroupant les producteurs de braises (carbonifères), les fournisseurs et les vendeurs de braises et d’autres ressources agro-pastorales œuvrant dans la ville de Bukavu et Goma, indique que des milieux d’arbres sont abattus au profit de la commercialisation des braises, des planches, des bois de construction ainsi que les bois de chauffe. 

La triangulation du circuit commercial de braises

 Avant la mise sur marché de ce produit, la commercialisation des braises suit un circuit où les intervenants travaillent en interdépendance et en interconnexion. Le commerce des braises est fait à trois niveaux. On a d’un côté, la catégorie des gens qui préparent les braises dans la forêt dits (carbonifères) qui par la suite fournissent à la partie d’intermédiaires grossistes. Ces grossistes se procurent des produits sur terrain pour que finalement ils approvisionnent les différentes villes selon les marchés en se servant des marchands ou marchandes dits détaillants à Bukavu et à kalehe.

Les détaillants vendent aussi auprès de consommateurs finaux (ménages ou usagés). La vente des braises à Bukavu se fait en association pour les intermédiaires grossistes et individuellement pour les détaillants.

Les associations A.E. FO.S.KI et AVERFA, une menace pour l’environnement

Ses associations qui semblent déranger la nature et qui par contrainte vitale ont développé un circuit économique qui est celui de la commercialisation de braises exploités dans différentes forêts du Sud-Kivu, constituent une menace pour l’environnement. Elles contribuent par ailleurs à la disparition de certaines espèces d’arbres pourtant importants dans la séquestration du carbone.

A notre source d’ajouter : « Les détaillants peuvent aussi s’organiser pour qu’ils puissent jouir de certains avantages par exemple prendre des sacs de braises à crédit, les vendre et payer après-vente. Alors, pour devenir membre du groupe, il faut d’abord avoir un capital propre d’au moins un sac pour bénéficier du crédit d’un autre »,

« Les intermédiaires grossistes se constituent en association de sorte que pour exercer le même métier, il faut adhérer à leurs associations en payant une certaine somme et on doit remplir certaines conditions pour devenir membre. C’est le cas de l’association A.E. FO.S.KI qui exige 150$ pour devenir membre », fait savoir Jean Pierre Bacize membre de ladite association.

 Pour plusieurs observateurs environnementalistes, des telles structures sont une menace pour la protection de l’environnement et ses écosystèmes.

Avec une misère qui paupérise la population dans la partie Est de la RD Congo, précisément au Nord et au Sud-Kivu, le nombre de gens qui manifeste l’intérêt de vendre la braise se multiplie et de dépôts de vente s’accroissent tous les jours dans la ville de Bukavu.

De pèlerinage au campement

C’est chaque semaine que des milieux de femmes et hommes effectuent de périple voyage en escaladant des montages pour découvrir des endroits encore couverts de forêts à exploiter illégalement et illicitement. Les arbres et arbustes sont sauvagement ravagés pour satisfaire la demande. Des réserves se vident d’arbres, l’autorité de régulation est débordée et se voit impuissante vis-à-vis de ces actes qui du reste pèchent contre les principes généraux régissant environnement. 

Provenance                  

Selon les observations faites dans différents points des ventes des braises dans la commune de Kadutu, et Bagira, il se dégage que ces braises qui y sont vendues proviennent vers le Kalehe précisément à (Idjwi, Kalonge, de Bunyakiri, et dans les haut-plateaux) à Kabare (vers le parc de Kahuzi Biega, Birava et groupement de Ninja…). Dans l’espace Lega précisément dans le territoire de Mwenga les forêts sont sauvagement abattues. La réserve d’Itombwe approvisionne la ville de Baraka à Fizi et la ville d’Uvira en braise.

Alors que le monde entier est préoccupé par la restauration climatique et la lutter contre la sécheresse en appuyant les actions qui vont dans le sens d’encourager les projets de restauration des arbres capables de séquestrer du carbone, d’autres se complaisent à déboiser les forêts et espaces encore couverts. 

L’abattage excessif des arbres est à la base des catastrophes naturelles au Sud-Kivu et dans la ville de Bukavu.

Par manque d’emploi la jeunesse et plusieurs paysans se livrent désormais dans le charbonnage, par conséquent, la nature est dépouillée de sa couverture. 

Dans différents coins chaux de la ville, des places publiques, dans de petits et grands marchés de la ville de Bukavu, aux quartiers des dépôts de braises sont présent par tout, car ces derniers font bonne affaire. Certains sacs sont exportés vers la province volcanique du Nord-Kivu et d’autres sont déchargés dans des dépôts à Bukavu notamment les marchés de Mwachi, Muhanzi, Funu, marché Central de Kadutu, Brasserie, à Kamageme/Panzi.

’Nous n’avons pas un autre travail, nos enfants sont scolarisés et vivent au dépend de cette activité de commercialisation de Braises qui constitue l’unité de notre économie. Un sac de braise de 80 à 100 kg se négocie à 30$ soit 85500Fc au taux actuel. Si l’on nous interdisait de commercialiser la braise, cela veut dire qu’on expose nos familles à une mort subit. Mais aussi cette décision privera nos enfants de la scolarisation. Personne n’ignore les conséquences de l’abattage des arbres sur l’environnement, mais nous n’avons pas d’autres sources de revenu », a fait savoir Odette Kanyamukenge vendeuse de braise au marché de Beach Muhanzi dans la commune de Kadutu.    

La promotion des braises écologiques, un remède à l’abattage des arbres

Pour l’Ir agronome Merci Kalimbiro et expert au sein du cabinet d’expertise agricole et environnementale EKAGRI, la commercialisation de braise ramène à voir les arbres ce qui fait croire à la déforestation.

« La conséquence de l’activité commerciale de braise est la perte de la biodiversité. Sur l’aspect biodiversité, certaines espèces sont menacées et sont en voie de disparition. Tout ceci c’est parce qu’il n’y a pas organisation des campagnes pouvant permettre de passer à la restitution des arbres disparus par l’exploitation abusive de braises. Sur le plan changement climatique nous savons tous l’importance de l’arbre » décrie Merci Kalimbiro Ir agronome et expert en restauration de terre.

Cet expert en environnement et restauration de terre reste convaincu que l’arbre est l’unité fondamentale dans la séquestration du carbone et que par conséquent, il devrait être protégé.

Pour lui, l’orsqu’on coupe les arbres en commercialisant la braise, directement on participe à l’émission de gaz à effet dessert et là le pouvoir des forêts diminue dans la séquestration. Quand bien même la commercialisation de braises influence positivement le panier de la ménagère au Sud-Kivu et booste l’économie des plusieurs familles.

Dans son intervention, notre source est revenue sur la perturbation de calendrier agricole qui s’observe depuis un certain temps au Sud-Kivu et au Nord-Kivu suite à la dévastation des forêts et sa biodiversité , ce qui a des conséquences néfastes sur la vie des populations.

« Sur l’aspect pédologique, il y a des érosions, les sols sont devenus nus. En coupant les arbres on perd la biomasse de la terre et le sol est exposé à des érosions sous toutes ses formes. Des érosions éoliennes, des érosions intrigues et donc ça ce sont des conséquences sur l’aspect environnemental. Les hommes doivent vivre avec la forêt, et ces forêts doivent être un moyen de subsistance à la population parce qu’elle doit créer de l’économie. Nous préconisons que l’on émigre vers des énergies renouvelables et propres à l’occurrence les braises écologiques », recommande l’Ir Merci Kalimbiro.

Et les espèces d’arbres en voie de disparition

Cette activité anthropique menace certaines espèces d’arbres notamment, les grévelias, les acacias, les eucalyptus, qui sont en voies de disparition si rien n’est envisagé dans les jours avenir.

 La preuve est que ces dernières les territoires de Kalehe et Kabare ont été menacés par les inondations, le parc de Kahuzi biega également.

Merci kalimbiro recommande aux autorités de promouvoir l’énergie électrique en créant des microcentrales pour réduire la menace car lorsque la population a du courant elle pourra protéger la biodiversité.

« Lorsque la population a le courant électrique en abondance et à bas prix elle peut réduire la consommation de braises. Aux organisations et entreprises œuvrant dans la consommation de braises de promouvoir les énergies renouvelables par exemple : les biogaz et le biochar. Sans préalable préétablit, on ne peut pas interdire à la population de consommer la braise et pourtant c’est la seule énergie disponible. Avec nos ordures ménagères nous pouvons trouver de l’énergie qui peut compasser la consommation de braise », a-t-il soutenu. 

Notre source pense que de séances de vulgarisation et conscientisation doivent être organisées en faveur de la population enfin de prendre leur destin en main et faire de la protection de l’environnement une question vitale. Comme disait Kofi Annan ‘’si nous ne nous occupons pas de notre environnement, nous allons mourir comme des idiots’’.

 Patrick Babwine


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