Sud-Kivu : le modèle « Nzibade », une alternative contre la dépendance alimentaire halieutique

Conférence ''à la rencontre de nos scientifiques'' de la société civile / photo Gaspard Lwendo
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Dans le cadre du projet « à la rencontre de nos scientifiques », initié par le bureau urbain de la société civile, une première conférence a réuni les habitants de Bagira au tour des chercheurs de la ville de Bukavu pour réfléchir sur l’impact de leurs recherches vis-à-vis du quotidien de la population. Cette activité scientifique qui s’est tenue dans la salle Venus au cœur de la commune de Bagira a consisté à savoir la pertinence du modèle « Nzibade » mis en marche par le Professeur Docteur Désiré Bayongwa dans le management piscicole et la domestication des poissons. L’objectif du projet étant de comprendre l’intérêt que gagne la communauté vis-à-vis de la production de ses scientifiques.

Ce cadre d’échange selon les initiateurs de l’activité, sera diversifié sur plusieurs thématiques pour l’amélioration de la vie socio-économique, politique, sanitaire et environnementale par rapport aux recherches faites par les scientifiques et réfléchir sur les véritables obstacles qui font que la population ou la communauté ne soit pas bénéficiaire des produits de recherche menées par les scientifiques dans le milieu.  Alain Shindano, président de la société civile urbaine pense qu’il est temps de mettre les scientifiques devant leurs responsabilités de redevabilité vis-à-vis de la communauté.

’Pour le lancement de ce projet, nous avons essayé avec le professeur Nzibonera Désiré Bayongwa qui a accepté de nous accorder de son temps juste pour expliquer à la population sur comment sa méthodologie ave le modèle Nzibade on peut améliorer la production de poissons dans le lac Kivu, voir même la méthode de la domestication des poissons qui est une nouvelle approche que nous n’avons jamais vécue ici chez nous », se réjouit Alain Shindano président Urbain de la Société Civile Bukavu.  

Dans sa méthodologie, le bureau urbain vise à conscientiser les chercheurs à intégrer l’approche interactive dans la communication du contenu de leurs recherches et ramener la population à s’approprier les résultats de recherches tout en leur expliquant comment les études réalisées peuvent remédier tant soit peu aux défis alimentaires auxquels la communauté fait face.

« Nous ne voulons plus des théories mais nous sommes partisans du concret. Il y a eu beaucoup des travaux des recherches qui sont restés lettres mortes dans des placards. Sous d’autres cieux ce sont les scientifiques qui améliorent les conditions de vies dans la communauté. Regardez aujourd’hui, nous avons des problématiques de gestion des déchets, de problématiques alimentaires » a renchérit Alain Shindano.

Le professeur Désiré Bayongwa premier orateur lors du lancement de l’activité de la société civile ‘’à la rencontre de nos scientifiques’’ a loué l’initiative de proximité entreprise par la société civile. Au cours de ce cadre d’échange scientifique il lui a été demandé ce professeur qui est également doyen de la faculté de de l’économie de l’Université de Kaziba et recteur de l’université durable en Afrique Central de Bagira de donner la synthèse de sa thèse soutenue à Kinshasa dans le cadre de l’optimisation des techniques piscicoles et halieutiques sur le lac Kivu, application entrepreneuriale suivant le modèle Nzibade.

’A l’issue de notre exposé nous avons développés l’approche participative de la communauté de pêcheurs sur le lac Kivu. Ce modèle nous a amené à montrer à la communauté intellectuelle de la commune de Bagira comment arriver à faire une triangulation en train les différentes phases de l’élevage de poissons en cage couplé à technique de pêche à filet maillant pour chuter à apprendre à la population de Bukavu comment élever les poissons d’une manière domestique’’ a expliqué le Prof Bayongwa.

La pêche comme mécanisme pour l’autonomisation de la jeunesse Sud-kivucienne 

Le professeur Bayongwa a invité les jeunes à s’investir dans la pêche car c’est un secteur oublié mais qui donne de la vie et peut changer rapidement la vie de jeunes chômeurs et faire d’eux, des grands entrepreneurs.

« Les gens ne le savent pas. Dans la pêche il y a de l’argent et les jeunes ne veulent pas se rapprocher des activités halieutiques. Je voulais particulièrement inviter les jeunes et aussi notre gouvernement à faire la promotion des écoles de pêches. C’est-à-dire la faculté qui est liée à la protection de l’écosystème de nos lacs, pourque les jeunes puissent prendre la pêche comme leur entreprise et créer au tour de cette pêche l’argent qui peut booster l’économie de notre province’’ a exhorté Désiré Bayongwa.

Le modèle Nzibade, une voie vers l’indépendance alimentaire

Il conviendrait de rappeler que la population du Sud-Kivu vit au dépend des l’exportation des poissons qui proviennent vers les pays voisins pourtant la province regorge des potentiels non négligeables en ressources hydro naturelles. Entourée de deux grands lac (Kivu et Tanganyika) sans compter les rivières et étangs piscicoles poissonneux mais elle continue à se nourrir de poissons qui viennent de l’étranger et qui qui sont soit conservés avec de produits chimiques.

Le Prof Désiré pense que la conscientisation des pêcheurs sur les lacs peut résoudre de problème et faire de la province, une usine de production de poissons.  

« Premièrement nous devons sensibiliser la communauté de pêcheurs pour qu’elle puisse s’approprier ce projet de la protection de l’écosystème du lac Kivu étant donner qu’ils sont les premiers bénéficiaires de ce lac. Là maintenant l’Etat dans sa réglementation doit orienter les lois qui cadrent avec l’éthique et la morale des associations des pêcheurs enfin qu’ils puissent contribuer à la protection de l’écosystème du lac Kivu pour que nous puissions avoir les poissons en abondance et surtout en décourageant la pêche des alvins qui fait rage sur le lac Kivu » pense-t-il.

Et si les poissons se plaignaient ?

Avec l’approche développée par cet enseignant d’universités, il devient impératif de revenir sur la violation flagrante de 10 mètres de rive autour du lac Kivu qui est perçue comme un frein pour la maternité aquatique. Amoureux de terre, les hommes nantis s’approprient au travers leur argent les concessions appartenant aux 10 mètres de rive et cela en violation de la loi. Ces supers intouchables violent le domaine réservé à la nature en achetant les espaces réservés 10 mètres de rive pour enfin y ériger des bâtisses et y installations aéroportuaires qui soient bénéfiques à leurs intérêts égoïstes.

A l’allure où vont les choses, la ville risque de vivre dans la dépendance alimentaire du point de vue production des poissons, parce que l’envahissement de ces10 mètres de rive parait une réelle menace pour les animaux aquatiques.

La recherche démontre sans faille que les 10 mètres de rive c’est là où il y a la végétation aquatique, les niches aquatiques qui constituent la maternité de poissons. Une fois détruite, on fait fuir la production de poissons qui se reproduisent aux abords du lac. 

Un appel vibrant est lancé à l’endroit de l’Etat congolais par l’entremise de l’autorité provinciale qui a en charge la régulation de s’imposer et de faire parler la loi pour l’intérêt de la protection des espèces en voie de disparition.

A la rédaction Mkulima, le Prof Désiré Bayongwa, préconise qu’il ait un édit portant protection de 10 mètres de rive pour que la province ne puisse pas manquer du poisson dans les jours avenir.

Pour relever le défi, ce chercheur recommande à la population riveraine de faire pression sur les élus pour qu’il y ait un édit qui servira de soubassement juridique qui poussera l’Etat à s’investir et de prendre ses responsabilités dans le secteur de la pêche.

Patrick Babwine


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