Sud-Kivu : vers l’alignement du crédit carbone comme une source durable pour le financement des forêts communautaires   

Projet de foresterie communautaire au Sud-Kivu, l'organisation Strong Roots

Grâce à son projet de foresterie communautaire au Sud-Kivu, l’organisation Strong Roots s’est résolument engagé dans la sécurisation foncière et la gestion durable des ressources forestières locales. Pour y arriver, Strong Roots organise depuis plusieurs années des séances de sensibilisation des communautés locales sur la préservation et la gestion des forêts communautaires dans le territoire de Shabunda et Mwenga en RD Congo.


Pour amener ces communautés à mettre en valeur leurs forêts et d’en tirer réellement profit, l’organisation vient d’organiser à Bukavu un atelier de deux jours sur processus de l’établissement des plans simples de gestion de ces forêts communautaires.
Pendant les deux jours, soit du 2 au 3 octobre, les chefs des groupements venus des Shabunda et Mwenga qui sont les principaux poumons forestiers de la province ont passé au peigne fin les avancées du processus de la foresterie communautaire. Des titres ont également été offerts à ces communautés pour permettre la sécurisation et la gestion responsable de leurs forêts, acquises autrefois par coutume. Lors de cet atelier, des témoignages des représentants des communautés à ces assises ont démontré la nécessité d’appuyer les CFCL déjà attribuées, afin de les mettre en valeur pour que les bénéficiaires en tirent réellement profit. Des titres ont également été offerts à ces communautés pour permettre la sécurisation et la gestion responsable de leurs forêts, acquises autrefois par coutume.

C’est dans ce sens que pendant la session Strong Roots a insisté sur l’exécution d’un plan simple de gestion qui s’avère une étape cruciale du processus de la foresterie communautaire  et qui pourrait permettre l’accès des communautés aux retombées de leurs concessions des forêts communautaires. 

 » Nous avions discuté avec les chefs des groupements et des chefferies que nous accompagnons dans le processus de la foresterie communautaire. Nous avons premièrement discuté sur la mise en place d’une stratégie d’intervention et d’appui aux communautés. Ceci parce que de temps en temps il y a des remous sur la façon de sélectionner les bénéficiaires et comment l’appui aux communautés arrive vraiment aux bénéficiaires qui étaient censés le recevoir. Nous avons également discuté sur l’état actuel des forêts communautaires que nous accompagnons parce que nous sommes en train de lancer le processus de l’établissement des plans simples de gestion de ces forêts communautaires. L’idée c’est de voir comment nous devrions contribuer tous, les chefferies, les groupements et les autres pour que nous ayons des plans qui vont aider à la bonne gestion de ces forêts communautaires mais dans l’entre temps, voir comment structurer et restructurer les organes de gestion, de gouvernance et de résolution des conflits de ces forêts communautaires’’ explique Dominique Bokaba, coordonnateur de Strong Roots

Notre source précise que cette rencontre avait pour objectif également d’aider à mettre en place d’autres structures qui puissent concourir à ce que la gestion de ces forêts communautaires soit impeccable de manière à protéger ces forêts pour une longue duré.

La foresterie communautaire au Sud-Kivu et le défi du financement des plans simples de gestion

C’est dans cette optique que Strong Roots a expliqué d’une manière introductive aux chefs des groupements le mécanisme du marché et crédit carbone comme une des opportunités qui pourrait amener ces communautés à réaliser des retombées financières de leurs forêts. Pour Strong Roots, le mécanisme du marché et crédit pourrait être une source durable pour le financement des forêts communautaires.

 » Le marché du carbone pourrait être une source durable pour le financement de ces forêts. Parce que les communautés n’ont pas accès à des sources financières pour la gestion. Arriver au niveau où les communautés vont commencer à réaliser des retombées financières de leurs forêts, ça pourrait prendre du temps. Nous qui les accompagnons, nous ne savons pas à quel moment nous pourrions stopper nos interventions et les possibilités de les accompagner. Nous avons pensé que comme ce mécanisme de marché carbone existe, ça serait une opportunité pour ces communautés. Le marché carbone c’est aussi une machinerie très complexe et aujourd’hui nous avons introduit les notions préliminaires très superficielles pour que les chefs des groupements qui vont rentrer dans leurs entités comprennent que ce mécanisme existe et que c’est un mécanisme qui pourrait servir si jamais ils acceptent d’y aller » soutient le coordonnateur de Strong Roots.

En attendant que le mécanisme du marché et crédit carbone soit effectif, Strong Roots pense qu’il faut tout d’abord encourager l’utilisation d’autres sources censées créer des richesses à la base.

 » Mais dans l’entre temps  nous avons discuté la possibilité de créer d’autres sources alternatives comme l’installation des microcentrales hydroélectrique qui pourraient non seulement générer de l’éclairage dans les Grands centres comme Kamituga, Mwenga, Burhinyi, Mulamba, Kitutu et autres, parce qu’ils ont des rivières capables de leurs procurer de l’énergie mais aussi qui pourraient faire des retombées financières pour contribuer à la gestion de ces forêts. Au fait, au Sud-Kivu il nous reste trois poumons forestiers qui sont dans Mwenga, Shabunda et Fizi. Là il y a des forêts qui sont encore intacts et qu’il faut préserver. Nous le faisons avec le Gouvernement de la RDC parce que la foresterie communautaire n’est pas un programme des ONG  mais plutôt du gouvernement congolais que nous accompagnons pour que toute la mission soit atteinte » explique Dominique Bikaba.

Une approche salutaire pour les communautés locales

Cette approche utilisée par Strong Roots est vivement appréciée par les chefs des groupements représentants des communautés locales qui trouvent une nouvelle opportunité à saisir et qui pourrait générer de l’argent pour la gestion et la préservation de leurs forêts.

Bahati Irangi, chef  de groupement Kataraka Irangi, en chefferie de Lwindi, territoire de Mwenga accueille à bras ouverts ce mécanisme et se montre déterminé à s’y aligner.

 » Nous sommes confiant qu’avec toutes les stratégies que nous développons avec Strong Roots nous allons parvenir à bénéficier de ces forêts. Par rapport à la matière apprise sur le crédit carbone nous sommes très intéressés et nous sommes prêts à aller jusqu’au bout pour que ceux qui bénéficient de l’oxygène de nos forêts nous rendent les dividendes à travers le crédit carbone. Cette matière nous permet aujourd’hui de comprendre qu’en préservant nos forêts nous pouvons y tirer profit surtout à travers ce mécanisme de crédit carbone. On ne va pas se limiter là, nous allons développer d’autres stratégies apprises ici pour créer d’autres mécanismes qui nous permettront de générer de l’argent à travers nos forêts. Pour nous, le marché et crédit carbone c’est un nouveau vocabulaire que nous n’y comprenons rien. Mais il a fallu qu’on nous apprenne un peu sur ce mécanisme pour que nous puissions y réfléchir. Et aujourd’hui je peux affirmer que nous sommes prêts à enclencher des démarches pour bénéficier de cette opportunité de crédit carbone » a soutenu le chef de groupement de Karata Irangi.

Il remercie Strong Roots pour avoir compris l’intérêt d’associer les chefs de groupements dans cette initiative. Revenant sur l’accompagnement de Strong Roots en faveur des communautés locales dans la foresterie communautaire, Bahati Irangi se dit fier d’avoir accueilli dans son entité un partenaire qui a aidé sa communauté à avoir des droits légaux sur ses forêts.

 » Nous avouons que les enseignements ont été d’une importance pour nous parce que à travers ces enseignements nous avons compris qu’il y avait des problèmes que nous rencontrions dans le passé et qui n’avaient pas raison d’être parce que les voies pour y remédier existaient. Dans le passé nous avions des forêts mais à dire vrai, ces forêts ne nous appartenaient pas selon la loi. Strong Roots nous a facilité dans l’acquisition des titres et aujourd’hui nous pouvons l’affirmer sans peur que ces forêts nous appartiennent » témoignage-t-il.

Strong Roots, une panacée dans la foresterie communautaire


Il faut dire que l’ONG Strong Roots intervient dans le cadre de la sécurisation et de la conservation des forêts des communautés locales et des aires protégées. L’organisation mène des activités de conservation et de gestion durable des forêts.

À travers ses interventions dans les aires protégées et les forêts communautaires Strong Roots intervient dans deux domaines principaux : les aires protégées en mettant en œuvre des activités de conservation et de gestion durable des forêts. Et dans les Forêts communautaires, l’organisation appuie les communautés locales dans la sécurisation de leurs droits fonciers coutumiers sur les forêts et dans la gestion durable de ces ressources.

Strong Roots accompagne les communautés locales dans l’acquisition de titres fonciers qui leur donnent le droit d’usage des forêts d’une manière perpétuelle. Cette démarche permet de sécuriser les droits des communautés et de lutter contre la déforestation illégale.
Récemment, 6 forêts communautaires de Bamuguba Sud et de Baliga, en chefferie de Bakisi ont été déclarées sécurisées, grâce à l’accompagnement de Strong Roots après remise officielle des arrêtés attribuant des titres aux communautés locales. Quatre autres arrêtés avaient été remis aux communautés de Mwenga trois mois avant.
Bertin Bulonza 

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