Bukavu : Des tonnes de déchets dans les turbines du barrage, Ruzizi 1 en difficulté de fonctionnement 

les déchets plastiques et ménagers rendent complique l'approvisionnement en courant électrique dans la ville
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Depuis trois jours, la ville de Bukavu connait un sérieux problème d’approvisionnement en courant électrique. A la base,les eaux des ruisseaux et autres canalisations charrient une importante quantité de déchets, notamment des déchets ménagers et bouteilles plastiques, vers le barrage de la rivière Ruzizi, la plus grande centrale électrique de la région. Cette trainée de déchets engorge les turbines, endommage la machinerie, et fait baisser la production de la centrale.

Pourtant ce n’est pas une première dans la ville parce que Bukavu a déjà connu ce problème par le passé. En effet, la grande majorité des caniveaux sont bouchés pendant la saison sèche à cause de la mauvaise habitude des habitants de la ville de Bukavu qui y jettent les ordures. Ceci entraîne généralement des fortes érosions hydriques pendant la pluie qui causent d’énormes dégâts matériels et même la mort des habitants.

Au-delà des effets néfastes que cette pratique entraine sur le plan environnemental, chaque fin de la saison sèche, l’accumulation de déchets plastiques dans les caniveaux et les ruisseaux entraîne un déversement dans le lac Kivu et la rivière Ruzizi, puis dans les turbines de la Société Nationale d’Electricité (SNEL).  Ces déchets obstruent les filtres des centrales électriques, perturbant ainsi la production d’électricité et provoquant des coupures de courant.

Cette situation devenue de plus en plus récurrente à chaque tombée de la pluie inquiète l’ingénieur Liévin Chizungu, chef de production au barrage de la Ruzizi 1. Celui-ci a passé la majeure partie de la journée du dimanche 22 septembre 2024 à réparer les machines endommagées par ces déchets. Pour lui, ces déchets bloquent les machines et occasionnent des perturbations dans le fonctionnement de la centrale. Ce qui a comme conséquence la réduction de la production du courant électrique. Pourtant la centrale hydroélectrique de la Ruzizi 1 fonctionne normalement avec 4 machines.

En d’autres termes, les déchets que les gens jettent n’importe où ont de conséquences sur leur approvisionnement en courant électrique. C’est en tout cas l’une des causes des délestages fréquents dans la ville.

« Il y a beaucoup de déchets. Pour un seul jour de pluie les déchets qu’on vient de déverser dans la rivière Ruzizi au travers les canalisations dans les quartiers font que nos machines n’arrivent plus à produire le maximum d’énergie qu’elles doivent produire pour que nous puissions alimenter toute la population de Bukavu. Et malheureusement c’est la même population qui jette ces déchets qui viennent bloquer les machines ici à la centrale. Nous tous nous voulons avoir du courant en permanence. Nous sommes déjà dans système cash power où tout le monde veut avoir en permanence son énergie telle qu’il l’a payée. Alors qu’avec les déchets que la population jette dans les canalisations, il devient difficile pour nos machines de produire le maximum de leur énergie parce qu’il y a ces déchets qui viennent boucher l’eau qui entre dans les conduites forcées pour faire fonctionner les machines » explique Ir Liévin.

Evacuer les déchets dans et autour du barrage, mais jusqu’à quand ?

Malgré l’ampleur de la situation, les équipes de la SNEL s’activent pour évacuer régulièrement les déchets. Sur place, l’on signale que des opérations de nettoyage ont lieu régulièrement, mais à l’aide de barques à la surface. Des plongeurs vont collecter les déchets jusqu’à 10 mètres du fond de la rivière Ruzizi.

« Nous nous venons nettoyer et c’est une conséquence de ce que la population a fait dans la ville. Nous venons nettoyer et c’est une opération qui doit prendre toute une demi-journée. Si demain la population reprend la même chose, ça sera ainsi chaque jour et chaque jour il y aura manque d’énergie dans la ville pendant plus au moins six heures la journée » se plaint l’ingénieur Liévin Chizungu.

Ce qui l’amène à dire que la solution définitive à ça, c’est d’éviter à jeter les déchets dans la rivière pour que ça n’arrive pas au barrage.

« Nous aussi nous maximiserons l’énergie que nous allons desservir à la population. Si la population veut avoir de l’énergie à tout moment elle doit éviter de jeter ces déchets dans les canalisations. Toutes les fois que vous jetez ces déchets dans les canalisations et qui à leur tour viennent échouer ici au barrage, et bien, vous êtes vous-mêmes acteurs des coupures intempestives du courant dans la ville. Là on peut dire que vous voulez une chose et son contraire. Comme vous voulez de l’énergie électrique, luttez contre ces déchets que vous jetez dans les rigoles », conseille l’ingénieur Liévin.

Ruzizi et le lac Kivu ne sont pas des dépotoirs publics

Pour plusieurs environnementalistes, cette façon d’agir des certains habitants de Bukavu qui jettent les déchets dans les caniveaux pourrait être assimilée à « une criminalité environnementale».

Nombreux pensent que le lac Kivu ou encore la Rivière Ruzizi ne devraient pas être considérés comme des endroits où jeter des déchets.

« Gardez-les à coté jusqu’à ce que les services habiletés viennent les récupérer pour les dépotoirs. Ces déchets ne sont pas réservés pour le lac moins encore pour les rivières » conseille l’Ingénieure Liévin Cizungu.

Réduire, Réutiliser, Recycler les déchets !

Pour essayer de mettre fin à cette pratique, les environnementalistes proposent le recyclage des déchets pour protéger l’environnement. En mars dernier, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de recyclage, les protecteurs de l’environnement avaient souligné la nécessité pour la population d’être sensibilisée sur l’importance de recycler en encourageant la bonne gestion de déchets ménagers et plastiques.

Les environnementalistes avaient de vive voix demandée à la population de mettre en pratique le principe de 3R qui est « Réduire, Réutiliser, Recycler ».  Pour eux, le recyclage aide à promouvoir les avantages environnementaux, économiques et Sociaux.

Certains jeunes de la ville de Bukavu ont mis en place des entreprises de recyclage mais la ville reste toujours sale.  Ces jeunes croient que des déchets bien gérés peuvent être à la base de la création de l’emploi et aussi constituer une bonne source de revenus.

Dans cette optique le recyclage des déchets devient une solution qui permet de gérer durablement les déchets. Ainsi par la collecte des déchets et le compostage, le recyclage est une bonne solution pour bien gérer les déchets à Bukavu.

Bertin Bulonza


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