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Sud-Kivu : « Des attentes très fortes » des agriculteurs face à la première ministre Judith Tuluka

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Depuis 1960 des gouvernements se sont succédé et rien n’a changé sur le plan agricole. Les animateurs nommés, personne n’en a fait une priorité.  Pour une fois dans l’histoire de la RDC, une femme vient d’être nommée première ministre. La nomination de madame Judith Tuluka porte les destins de plusieurs millions de congolais plus particulièrement les agriculteurs. Dans sa mission de promouvoir l’agriculture, votre média agricole mkulima a rencontré certains agriculteurs de la plaine de Ruzizi dans la province du Sud-Kivu, en RDC. Pour eux, la première ministre doit faire de l’agriculture sa priorité.

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La nomination de Judith Tuluka comme cheffe du gouvernement suscite des opinions divergentes dans le chef des agriculteurs. Certains d’entre eux attendent du gouvernement une implication directe pour soutenir les agriculteurs, d’autres sont sceptiques et espèrent rien de la présence d’une femme à la primature. Tellement les attentes sont légions, les agriculteurs pensent que la ministre doit d’abord dévoiler clairement sa stratégie à mettre à l’œuvre pour booster ce secteur longtemps oublié.

Nous avons besoins des intrants

Certains agriculteurs de la plaine de la Ruzizi, utilisent des méthodes traditionnelles, cultivent les mêmes variétés des semences, utilisent la force humaine pour tous les travaux champêtres. Avec l’avènement de la première ministre, ces agriculteurs veulent avoir accès aux intrants de qualité et à bas prix.

 « Qu’elle nous dote des tracteurs et des semences. Nous ne souffrons pas seulement en cherchant où vendre, mais nous souffrons aussi pour produire. Nous utilisons nos mains dans de vastes champs, », renseigne une cultivatrice rencontrée à Luvungi dans la plaine de la Ruzizi à plus de 65 km de la ville de Bukavu.

L’agriculture, le pivot du développement

Le facteur développement est fondé sur l’agriculture. A peine nommée, la première ministre aussi devra compter sur les produits champêtres. Elle a donc l’obligation de valoriser ce secteur en  créant une banque agricole pour permettre à des millions des congolais d’avoir accès aux crédits agricoles pour renforcer leurs initiatives.

« On ne peut jamais parler du développement sans penser au secteur agricole. C’est l’agriculture qui aide les gens à quitter la pauvreté, elle élève une nation jusqu’à la rendre autonome. Nous lui demandons de se focaliser beaucoup plus sur l’agriculture parce que même si on distribue de l’argent aux gens, si vous ne pensez pas à un projet durable, ça sera nul. C’est pourquoi elle doit d’abord commencer par là car l’agriculture reste le poumon de tout développement », renseigne Assumani Kazinduka Fréddy agriculteur et habitant du groupement de Kakamba village de Bwegera

Produire sans vendre, c’est une perte

Pour beaucoup d’agriculteurs, sans marché rémunérateur, ils vont continuer à travailler à perte.

« Le grand problème que nous avons c’est le manque de marché où écouler nos produits champêtres, mais aussi l’uniformisation du prix sur le marché serait un défi majeur sur lequel elle doit travailler. Si elle arrive à nous donner dans notre secteur une réglementation, peut-être que nous pouvons aussi nous retrouver cela pourra encourager les OP »,  espère un autre agriculteur.

Une première ministre comme les autres ?

Certains agriculteurs ne croient pas au changement. Pour, eux, les congolais sont tous les mêmes. Ils demandent à Judith Tuluka, de penser à des réformes urgentes pour sauver le secteur.

« Nous ne savons pas s’il y aura changement ou pas, mais ce que nous voulons c’est l’appui du gouvernement. Les Congolais sont presque les mêmes, tout le monde veut tirer de son côté. Ce n’est pas seulement parce qu’elle est une femme que nous allons croire au changement direct. Les agriculteurs comme les commerçants, tous ont besoin d’une reforme dans leurs secteurs. Nous attendons seulement qu’elle agisse avant de l’acclamer », espèrent certains agriculteurs.

Une femme a un cœur compatissant

Par ailleurs, la nomination d’une femme au poste de premier ministre est une lueur d’espoir pour les agriculteurs estiment certains. Le caractère compatissant de la femme est une preuve que le prochain gouvernement tiendra compte des agriculteurs et amènera un plus dans le social du congolais.

« Moi j’ai aimé quand j’ai entendu qu’on n’a nommé une femme parce que les mamans au-moins se souviennent des gens. Parfois on voit que la femme est compatissante que l’homme. Lorsqu’on expose son problème à une femme, vite  elle cherche la solution, mais un homme commence d’abord à spéculer au lieu de te venir en aide. J’aime parce que nous allons comparer la gestion de la femme à celle d’un homme.  » Anastasie Kalembo agricultrice de Luvungi.

Elle remercie le président de la République pour avoir nommé une femme.

«Du côté social, qu’elle essaye un peu d’améliorer les conditions de vie des congolais surtout nous comme Organisations Paysannes, les coopératives agricoles qui vivons de l’agriculture, c’est à ce niveau où elle doit miser « ajout-t-elle.

Des routes, un défi à relever

Pour Jeannette Munguakonkwa de l’organisation Uwezo Africa, la nouvelle cheffe du gouvernement congolais devra faire un scanning des zones productives. L’urgence insiste Jeannette, passe par la construction des nouvelles infrastructures et la réhabilitation des anciennes.

« Si la nouvelle première ministre arrive à identifier les milieux productifs afin de les appuyer, ça sera une bonne manière d’encourager et d’accompagner les agriculteurs. Elle doit se rendre compte que nos provinces n’ont pas de routes de dessertes agricoles qui seraient un moyen d’accélérer la production culturale. Quelle fasse un projet d’aménagement et de réhabilitation des infrastructures routières, car c’est un plus dans nos milieux, » pense-t-elle

Elle ajoute que des usines seraient très importantes pour que les investisseurs viennent au pays et ça pourra être un ouf de soulagement pour les agriculteurs. Quel que soit le rapport que la première ministre doit présenter à son chef hiérarchique, elle doit tenir compte des priorités qui l’attendent notamment de booster les activités agro-pastorales.

 «Une chose qui peut nous aider plus, c’est nous donner la possibilité de produire et transformer. Mettre en œuvre une condition pour l’écoulement des produits. Même si on produit avec retard selon la saison si on connait déjà qu’on a des usines, rien ne peut causer des échecs  » ajoute Jeannette.

L’agriculture est un moteur de développement. Plusieurs chercheurs et agriculteurs sont convaincus que le développement de la RDC passe l’agriculture.

La croissance agricole est un impératif. Elle est plus efficace pour réduire la pauvreté que la croissance des autres secteurs. Il faut donc créer un écosystème autour de l’agriculture, incluant les finances, l’industrie, l’énergie et les infrastructures.

« L’ambition est de démultiplier les actions en faveur de l’essor du secteur. L’enjeu est économique, social et environnemental », renseigne Peter Kazadi ministre congolais de l’agriculture.

Et d’ajouter

« Il est temps de diversifier notre économie en nous appuyant sur notre atout le plus sûr, le plus durable, que sont l’agriculture et l’agro-industrie ».

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Patrick Babwine


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